C’est l’un des plus gros chantier actuel de restauration de vieux gréement dont nous allons vous parler aujourd’hui, celui d’un baleinier basque à quelques km de la frontière française. Après vous avoir présenté le lieu, nous vous parlerons de ce projet hors norme ainsi que des festivités maritimes qui se déroulent dans cette ville.
1-Le lieu: Pasaia
A quelques kilomètres de la frontière franco-espagnole se trouve la ville de Pasaia (Pasajes en espagnol). C’est un lieu enchanteur pour tout les visiteurs qui y viennent. C’est également un lieu chargé d’histoire maritime.
Formé d’un estuaire sculpté dans la montagne on y pénètre par une passe abritée qui mène vers une baie au fond de laquelle se trouve le port commercial le plus important de Guipúzcoa (province basque), mais aussi de très bons restaurants de poissons, des bars à pintxos, et des circuits de promenade dans un cadre chargé d’histoire (Victor Hugo y a séjourné longuement) au milieu de superbes maisons de pêcheurs ou d’armateurs typiques.
Le tout dans un environnement naturel exceptionnel.
Cet estuaire a toujours eu une activité très intense et l’on y trouve aussi bien de gros bateaux de transport de marchandises que des chalutiers, des navires de plaisance ou des petites embarcations de pêcheurs.
C’est cette commune qui accueillit et aida La Fayette lors de son premier voyage aux Etats-Unis, en 1777, pour participer à l’indépendance de l’Amérique du Nord.
Cette ville qui a donc toujours été résolument tournée vers la mer et c’est là que se trouve le chantier dont nous allons vous parler.
2-Le projet:
Voici, d’après un article paru chez France 3 que nous avons actualisé et complété, l’histoire de ce chantier absolument hors norme.
En 1563, le San Juan, construit dans les chantiers navals de la baie de Pasaia, en Guipúzcoa, hisse les voiles direction Terre-Neuve. Il est l’illustration des premiers cargos transatlantiques destinés à la pêche à la baleine, reflet également de l’hégémonie mondiale de l’industrie navale basque de l’époque. Deux ans plus tard, victime d’une violente tempête, le navire sombre dans les eaux glacées des côtes canadiennes.
Ses marins sont sauvés par des équipages alentour. Le bateau, lui, restera endormi durant plus de quatre siècles. Jusqu’à ce qu’en 1978, une équipe d’archéologues canadiens ne localise son épave à Red Bay, à une dizaine de mètres de profondeur. Un travail de fouille sans précédent débute alors. Les pièces de la structure du bateau sont retirées une à une, ainsi qu’une chaloupe baleinière découverte coincée sous la nef. L’épave se révèle en très bon état, le bois et même certaines cordes sont dans un état de conservation exceptionnel.
A l’initiative d’un basque passionné par cette histoire: Xabi Agote est créé, après 30 ans d’études et de travail, une maquette du San Juan, et l’ensemble archéologique est alors désigné patrimoine de l’humanité par l’UNESCO.
La fondation maritime basque Albaola, dont la principale activité réside dans la construction d’embarcations historiques, prend alors le relais de cette recherche, toujours sous l’impulsion de Xavi Agote et décide de redonner vie à ce navire emblématique. Cette association forme également des charpentiers de marine venus de tous les pays (il y a même des bretons!).
Ces baleiniers, ramenaient la graisse de baleine en Europe. Celle ci servait essentiellement comme combustible, notamment pour les lampes. Elle était à l’intérieur des 1000 tonneaux qui lestait plusieurs étages de stockage. A l’inverse des marins qui étaient au dernier étage dans une promiscuité hygiénique et morale probablement très dure. Alors que leurs armateurs étaient réellement très riches et influants.
Les marins, une fois sur place, chassaient les baleines à la chaloupe, les ramenaient au bord ou elles étaient dépecées. Les campagnes duraient environ 9 mois.
La construction de la réplique du San Juan, sur la base de ses vestiges sous-marins, a débuté 2014, à l’endroit même où le baleinier avait été construit il y a 450 ans, dans la baie de Pasaia.
Tous les jours, une dizaine de charpentiers mesurent, taillent, poncent et scient les pièces en bois qui constituent le navire de 28 mètres de longueur et 7,5 mètres de large pour un poid de 100 tonnes.
Les outils ont évolué, mais les méthodes de fabrication restent les mêmes. Albaola souhaite fabriquer la réplique la plus fidèle possible, en utilisant les mêmes matériaux que ceux de l’époque: bois de hêtre pour la quille, bois de chêne pour le reste du bateau.
Le projet, d’un montant de plus de 3 millions d’euros, est financé en partie par la fondation en charge de « Donostia/Saint-Sébastien Capitale Européenne de la Culture 2016 ». Albaola a lancé par ailleurs, via un système de crowfunding, un appel aux entreprises et particuliers qui peuvent parrainer le navire en achetant une des pièces du bateau.
A noter: au XVIe siècle, à Pasajes, 200 charpentiers construisaient un transocéanique en six mois. Au XXIe siècle, il faudra environ six ans
le San Juan devrait être prêt pour 2020. Le bateau naviguera alors comme représentant du Pays basque. D’ici là, le public peut suivre sa construction au jour le jour, et visiter une exposition consacrée à l’histoire maritime basque.
Le chantier est ouvert du mardi au dimanche de 10h à 14h et de 15h à 18h au musée Albaola, au bout du quai San Pedro, à Pasaia. Visites possibles en basque, français et espagnol.
Cliquez ici pour la vidéo de présentation du projet.
Cliquez ici pour le site officiel.
3-Le Festival Maritime de Pasaia
Depuis 2018 une manifestation de vieux gréement a été créée dans la ville. A l’instar de la semaine du golfe, elle se déroule en mai sur plusieurs jours et a accueilli dans les 4 ports de la ville de nombreuses animations sur la mer, la culture, la gastronomie, etc.
Pour sa première l’Hermione a été l’invité d’honneur!
Vous pouvez voir la superbe vidéo de son passage en cliquant ici.
Vous aurez ainsi une belle vue des lieux…
Sinon voici deux belles photos de l’événement prise par Greg Underfly Photographie.
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Prochainement, le retour du Reder Mor 6 au chantier…
Bravo, ça donne envie de visiter ce chantier aussi