Dans notre série « autres vieux gréements« , nous vous proposons cet article sur le « Toumelin » de Yann Réveillant qui a eu la chance de naviguer dessus:

« LE TOUMELIN »

Une Vie, Une Oeuvre…

Chef d’œuvre de Pierre BRENET, disparu en 2014, le Trois-Mâts Goélette « Le Toumelin » est le témoin de la vie de ce Compagnon-Charpentier de Marine et de sa passion pour la mer, la navigation, la technique et la voile.

En 1971, Pierre crée le Chantier Naval de Marseillan, village du sud de la France près de Sète.

Le matériau des coques construites sera le Ferro-Ciment.

La technique du Voile de Béton est alors très avancée aux USA, au Canada, en Nouvelle Zélande.

Pierre va travailler la mécanique de ferraillage avec des ingénieurs Nord-Américains, la mise au point des mortiers avec les Ciments Lafarge, les résines avec un ingénieur Français (plus de 2 ans d’expérience aux USA).

Ainsi, fort de ces connaissances réunies, Pierre devient le spécialiste des coques voile de béton en France.

13 coques de 12 à 23 mètres seront construites dans le Chantier Naval de Marseillan tandis que Pierre supervisera quelque 70 coques en France.

« Le Toumelin » est la plus grande des coques voile de béton construite en France.

Ses plans, dessinés par Pierre, homologués par les Autorités Maritimes Françaises, sont inspirés, pour les lignes d’eau, des derniers Terre-Neuvas, ces grands voiliers qui pratiquaient la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve et convoyaient le poisson salé vers l’Europe et la Caraïbe.

Grée en Trois-Mâts Goélette, inscrit dans le durable de par sa construction robuste et fiable, le navire allie tradition dans ses formes et technologie d’aujourd’hui dans son matériau et ses équipements (énergie solaire pour l’électricité, désalinisation pour ses besoins en eau douce).

En 1988, « Le Toumelin » est homologué en 1ère catégorie Commerce N.U.C (navire à utilisation collective aujourd’hui Navire à utilisation commerciale) par les Affaires Maritimes de Sète et de Marseille.

En 1989, après ses essais en Méditerranée, « Le Toumelin » traverse l’Atlantique pour la Martinique qu’il prend désormais pour base. Il ne quittera plus les eaux caribéennes jusqu’à aujourd’hui.

Il proposera des charters sur les Antilles et des sorties en mer pour le plus grand plaisir des locaux et des visiteurs de passage.

En 2012, un hommage sera rendu à sa technique de construction, lors du 10ème Symposium International du Ferro-Ciment, auquel participaient plus de 60 Nations. « Le Toumelin » y a été présenté comme l’exemple de réussite d’un ouvrage en milieu marin pour sa technicité.

Aujourd’hui, plate-formes offshore pétrolières, gazières, éoliennes sont construites selon cette technique durable et fiable tandis que les Pays-Bas érigent, en prévision de la montée des eaux, des habitats sur caissons en voile de béton.

En septembre 2014, le Capitaine Pierre Brenet s’éteint à bord de son Navire. Il laisse derrière lui son chef d’œuvre « Le Toumelin » qu’il avait souhaité voir devenir, depuis 2012, le Voilier-Ecole Ambassadeur de la Martinique.

Un récent grand hommage a été rendu à Pierre et à son œuvre avec la reconnaissance et l’inscription au titre des Monuments Historiques en juillet 2018, ce qui en fait le premier voilier classé aux Antilles Françaises :

« …la Goélette « Le Toumelin » est à l’évidence un bateau d’un caractère exceptionnel…Elle est l’un des bateaux les plus remarquables et les plus attachants que j’ai eu à connaître pendant les vingt ans de ma contribution aux travaux de la Commission Nationale des Monuments Historiques… »

Amiral François Bellec Membre de l’Académie de Marine, Directeur du Musée National de la Marine (1980-1998), Rapporteur-Expert du Patrimoine Maritime à la Commission Nationale des Monuments Historiques (1998-2017).